Pour faire face à la complexité croissante des soins, les territoires doivent être dotés de capacités de pilotage et de coordination. Cela suppose de sortir d’une logique purement verticale pour reconnaître aux acteurs locaux une légitimité d’agir. Les contrats locaux de santé, les projets territoriaux de santé, les expérimentations dans le cadre de l’article 51 ou encore les dynamiques de démocratie en santé peuvent y contribuer.
Mais cette montée en puissance nécessite aussi de nouvelles compétences : ingénierie territoriale, animation de réseau, évaluation des actions, connaissance fine des données de santé, maîtrise des outils numériques. Les professionnels de santé ne peuvent pas être les seuls à porter cette charge organisationnelle. Le soutien des collectivités, des ARS, ou d’acteurs intermédiaires est indispensable.
Les EHPAD, de leur côté, ne sont plus des structures isolées mais des partenaires à part entière dans cette logique territoriale. Leur capacité à dialoguer avec les équipes de soins primaires, à s’insérer dans des dispositifs coordonnés, à participer à des actions populationnelles ou à des cellules territoriales de pilotage conditionne en partie leur efficacité future.
Il devient donc stratégique de renforcer les interfaces : créer des liens entre établissements et ville, fluidifier les relations avec les structures de coordination, intégrer les EHPAD dans les projets de santé territoriaux. C’est à cette condition que les territoires pourront bâtir des réponses cohérentes, intégrées, et adaptées aux besoins évolutifs de la population.
Ainsi, organiser les soins de premier recours à l’échelle des territoires ne peut plus être envisagé comme une mission périphérique. C’est au contraire un enjeu fondamental pour assurer l’accès aux soins, préserver la qualité des prises en charge, et garantir l’équité. C’est aussi un levier d’attractivité pour les professionnels, de reconnaissance pour les initiatives locales, et de transformation profonde du système de santé.